Le roman d'un pianiste
« Dans Le Roman d’un pianiste, haletant livre policier et conte initiatique où l’art et la vie se confondent, Mikhaïl Rudy nous entraîne dans un tourbillon de sentiments et de situations extrêmes. Sa première expérience avec la musique dans un souterrain en ruine son adolescence dans le quartier chaud d’une d’une ville ouvrière du sud de l’Ukraine, sa résistance au agents du KGB, son succès au Concours Marguerite Long à Paris,, l’asile politique demandé à la France dans des circonstances dramatiques, ses quêtes spirituelles dans les monastères orthodoxes ou dans l’Himalaya, ses réflexions artistiques, ou encore ses rencontres avec les plus grandes personnalités – Rostropovich, Nouerez, Karajan, Messiaen, Chagall – font de ce livre est une véritable symphonie à la gloire de la vie.
Le regard de Mikhaïl Rudy est celui d’un poète, tendre et ardent, espiègle et tragique. Autodidacte, ayant appris le français en lisant Diderot et Proust, il écrit depuis toujours. Pour lui la littérature est aussi importante que la musique.
De l’autre coté du mur.
« La musique est rentrée dans ma vie presque par hasard. J’avais 4 ans. Tous les jours, j’entendais des notes au travers de la cloison qui nous séparait de l’immeuble d’à côté. C’était le son d’un violon, celui d’un voisin, musicien de l’Orchestre Symphonique de Stalino, grande ville industrielle du Sud Est de l’Ukraine où nous venions de nous installer au gré de nos nombreux déménagements. Le violoniste répétait chez lui, et je restais des heures à l’écouter, comme hypnotisé. Sa musique m’a transpercé ».
– Éditions du Rocher (2009)
– ISBN-10: 2268068943 | ISBN-13: 978-2268068947
La traversée du Miroir
« On nous a logés dans un appartement secret de la police, ou plus exactement dans une chambre meublée dans le quartier de la Nouvelle Athènes, où nous devions rester durant toute la durée de l’obtention de l’asile, sans avoir le droit de sortir. Nous avons fait sensation à la cantine, quand, accompagnés par un agent de la DST, nous avons parlé russe: « Il y a des russes qui travaillent maintenant pour nous ! » remarquaient les agents amusés.
Après le départ des policiers, nous nous sommes sentis vidés, incrédules. Malgré l’interdiction de sortir, nous ne voulions pas rester dans la chambre et nous sommes partis nous promener. C’était la période des préparatifs de Noël, les lumières brillaient de toutes les couleurs, les odeurs de cuisines exotiques inconnues de nous, africaine, grecque, chinoise, nous envahissaient. De petits flocons de neige tombaient doucement. Nous sommes montés par la rue des Martyrs jusqu’à Montmartre. On entendait le son de l’orgue de barbarie. La musique si particulière de la langue française, âpre et diaphane à la fois, nous arrivait de partout. j’étais très ému et je ne parvenais pas à contenir mes émotions, passant du rire aux larmes, le coeur battant. Chaque sensation paraissait neuve et le monde anormalement clair, comme délavé. Je me suis dit : ça y est, nous avons traversé le miroir ».